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La justice européenne sabre le transfert de vos données vers les USA à cause de la surveillance de masse

Thu 16 Jul 2020 - 14:55

La Cour de justice de l'Union européenne invalide un accord de 2016 pris entre Bruxelles et Washington sur le transfert des données personnelles entre les deux rives de l'Atlantique. En cause, le manque d'encadrement des programmes de surveillance américains.

C’est un coup de tonnerre juridique dans le ciel transatlantique. Jeudi 16 juillet, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a annoncé avoir invalidé la décision 2016/1250 relative à l’adéquation de la protection assurée par le bouclier de protection des données UE-États-Unis. C’est une décision cruciale, car elle concerne le transfert de données personnelles des Européens, donc les vôtres, vers les États-Unis.

Mais de quoi parle-t-on ?

Rappel des faits.

Jusqu’en 2015, l’envoi de données personnelles de l’Europe vers les USA était encadré par un dispositif baptisé « Safe Harbor ». Mais par l’action en justice d’un Autrichien, ce mécanisme a été annulé en octobre de cette année-là, déjà par la CJUE. Les révélations d’Edward Snowden en 2013 sur la surveillance de masse mise en place les services de renseignement américains avaient à l’époque joué un rôle important, car elles montraient un niveau de protection insuffisant pour les Européens.
cjue cour justice
Cour de justice de l’Union européenne. // Source : Transparency International EU Office

Pour éviter de laisser un vide entre les deux rives de l’Atlantique, un nouveau cadre a été mis sur pied dès l’année suivante, en 2016 : le bouclier de protection des données UE-États-Unis, ou « Privacy Shield ». Celui-ci est décrit comme plus protecteur que le « Safe Harbor ». C’est la position de Bruxelles, qui l’a validé à chaque réexamen annuel. Mais ni les CNIL du Vieux Continent, ni le Parlement européen, ni le Conseil national du numérique, ni les associations de la société civile ne partageaient ce point de vue.

À cette liste, on peut donc ajouter maintenant la Cour de justice de l’Union européenne, qui va obliger Bruxelles et Washington à renégocier un accord. Et comme le fait remarquer le professeur de droit Théodore Christakis, spécialiste de droit international public, c’est une fois encore les programmes de surveillance américains qui posent problème, car ils « ne sont pas limités à ce qui est strictement nécessaire et ne sont donc pas conformes aux standards européens ».

Dans son communiqué, la Cour fait observer qu’il n’y avait aucune garantie juridique pour des personnes non américaines potentiellement visées par ces programmes. Ainsi, il est relevé que la réglementation américaine « ne confère pas aux personnes concernées des droits opposables aux autorités américaines devant les tribunaux », tandis que « l’accès et l’utilisation, par les autorités publiques américaines » des données à caractère personnel ne sont pas assez encadrés.

Pour la justice européenne, les programmes de surveillance américains ne sont pas assez bien encadrés

Pour l’Autrichien à l’origine des invalidations du « Safe Harbor » et du « Privacy Shield », cet arrêt est une bonne nouvelle.

« Je suis très heureux de ce jugement. Il semble que la Cour nous ait suivis dans tous les aspects. […] Il est clair que les États-Unis devront modifier sérieusement leurs lois de surveillance, si les entreprises américaines veulent continuer à jouer un rôle majeur sur le marché européen », écrit-il. « La Cour a clarifié pour la deuxième fois maintenant qu’il y a un conflit entre la législation européenne sur la vie privée et la législation américaine sur la surveillance. »

En somme, c’est le droit américain qui pose problème : si celui-ci n’est pas modifié de façon substantielle, il est à prévoit d’autres annulations du même ordre devant les tribunaux si Washington ne s’attaque pas à une réforme plus ambitieuse. « Comme l’UE ne modifiera pas ses droits fondamentaux pour satisfaire la NSA, la seule façon de surmonter ce conflit est que les États-Unis introduisent des droits solides en matière de protection de la vie privée pour tous, y compris les étrangers ».
Et maintenant ?

Reste une question : l’invalidation prononcée ce jour signifie-t-elle qu’il n’y a plus du tout de transfert entre les deux rives de l’Atlantique ? C’est aller un peu vite en besogne.

Si la Cour a bien annulé le « Privacy Shield », elle a par contre validé les clauses contractuelles types de la Commission européenne. Il s’agit d’un autre dispositif qui sert lui aussi à encadrer l’envoi des données personnelles aux USA. Elles servent lorsque des transferts se font en dehors de l’Union, en vue de « faciliter la tâche » des entreprises et des sous-traitants des autres pays. Autrement dit, si l’accord général n’est pas bon, des accords individuels peuvent l’être.

Deux subtilités sont toutefois à relever. Si le principe des clauses contractuelles types est approuvé, c’est à la condition que les entreprises et les sous-traitants qui y font appel se montrent en phase avec la législation européenne. C’est ce que relève l’avocat Étienne Wery sur son site : l’exportation de données n’est possible que si le niveau de protection est suffisant et respecté. Dans le cas contraire, ce transfert doit être suspendu ou interdit. Reste à pouvoir s’en assurer.

Ensuite, les clauses contractuelles types ne peuvent pas être utilisées par des entreprises qui, justement, sont sous surveillance américaine. C’est ce qu’analyse l’association Noyb, fondée par Maximilian Schrems, l’Autrichien à l’origine de toute cette affaire. « L’arrêt indique clairement que les entreprises ne peuvent pas se contenter de signer les clauses , mais qu’elles doivent également vérifier si elles peuvent les respecter dans la pratique », commence-t-il.

Un vrai casse-tête pour les géants du net.

données-Personnelles RGPD USA
https://www.numerama.com/tech/637073-la-justice-europeenne-sabre-le-transfert-de-vos-donnees-vers-les-usa-a-cause-de-la-surveillance-de-masse.html#utm_medium=distibuted&utm_source=rss&utm_campaign=637073

Doctolib ne veut plus voir vos données médicales - ZDNet

Mon 29 Jun 2020 - 08:52

Doctolib veut faire bonne figure : la plateforme de prise de rendez-vous médical en ligne a été récemment la cible de critiques à l’égard de son traitement des données de santé. Une enquête de France Info publiée en début d’année faisait le point sur le sujet et avait déjà poussé Doctolib à clarifier sa politique en matière de protection des données personnelles et de santé.

Pour enfoncer le clou, Doctolib a annoncé la semaine dernière la mise en place d’un dispositif de chiffrement de bout en bout sur sa plateforme, reposant sur la solution de chiffrement Tanker.io. « Jusqu’à présent, les données personnelles de santé des utilisateurs de Doctolib étaient chiffrées à deux niveaux, en transit et au repos. Le chiffrement de bout en bout garantit que les données personnelles de santé des patients qui utilisent Doctolib ne sont accessibles qu’aux patients et à leurs professionnels de santé en toutes circonstances », indique le communiqué. Doctolib précisait au passage que cette solution rendait l’accès aux données impossible pour un tiers « y compris dans les opérations d’assistance ou de maintenance ». L’enquête de France Info avait en effet révélé que Doctolib accédait parfois aux données des praticiens de santé dans le cadre d’opération de maintenance et d’assistance. De fait, si Doctolib se défendait d’accéder aux données de ses utilisateurs, il fallait donc les croire sur parole.

Le chiffrement, c'est maintenant

La solution retenue pour la mise en place de ce chiffrement assure que ce ne sera plus le cas. Comme l’explique Clément Ravouna, cofondateur de Tanker.io, « les clés appartiennent aux utilisateurs finaux puisque Tanker utilise un protocole de bout en bout et que les clés sont stockées sur les appareils des utilisateurs, ce qui a le mérite de loger physiquement cette propriété ». En d’autres termes, le chiffrement des données, la génération des clés et des pseudonymes se fait directement sur les appareils des utilisateurs grâce au SDK de Tanker.io embarqué dans l’application Doctolib.

« Avec ce déploiement, Doctolib ne sera pas en mesure d'accéder aux données de santé de ses utilisateurs et prestataires, car Doctolib n'aura pas les clés de chiffrement », nous précise Doctolib. Clément Ravouna de Tanker.io ajoute que seule « l'association de deux utilisateurs, via le protocole Tanker, permettra de déchiffrer les données. Lorsqu'un patient décide de partager une ressource avec un professionnel de santé via Doctolib, de nouvelles clés sont générées, utilisées et partagées via notre solution Tanker ». La solution de Tanker, décrite dans un livre blanc disponible sur leur site, permet une gestion des clés qui se veut invisible pour les utilisateurs et embarquée dans une application déjà existante. Tanker.io avait obtenu en 2017 une certification de sécurité de premier niveau auprès de l’Anssi.

Reste une interrogation, déjà soulevée par l’enquête de France Info : Doctolib ne peut pas vendre des données personnelles de santé, au sens où celles-ci pourraient permettre d’identifier de façon nominative les patients. Mais exploiter ces données anonymisées reste possible légalement. La solution de Tanker.io offre également la possibilité « d’anonymiser » les données via la génération de pseudonymes découplés des données brutes, comme le décrit son livre blanc. Interrogé à ce sujet, le service presse de Doctolib assure que « le modèle économique de Doctolib n'a rien à voir avec l'exploitation des données. Doctolib ne vend pas les données, Doctolib n'utilise pas les données pour faire de la publicité ou vendre des services ».

données-de-santé RGPD
https://www.zdnet.fr/actualites/doctolib-ne-veut-plus-voir-vos-donnees-medicales-39905667.htm

Le Conseil d’Etat a-t-il autorisé les sites à bloquer les utilisateurs qui refusent les cookies ? - Libération

Mon 29 Jun 2020 - 08:44

Dans ses lignes directrices, sur lesquelles le Conseil D’État vient de se prononcer, la Cnil jugeait le recours à des «cookies walls» contraire au règlement général sur la protection des données (RGPD).

Question posée sur Twitter le 22/06/2020

Bonjour,

Votre question fait référence à cet article du journal les Échos, selon lequel, «à l’avenir, les sites Internet pourront bloquer l’accès à tous les internautes qui refusent les cookies, ces traceurs informatiques controversés». Et ce en vertu d’une «décision du Conseil D’État publiée vendredi» où la plus haute juridiction administrative «donne raison aux éditeurs de sites contre la Cnil [Commission nationale de l’informatique et des libertés, ndlr], le gendarme français de la vie privée sur Internet, qui avait interdit une telle pratique».

Même son de cloche du côté d’une dépêche AFP sur le sujet (notamment reprise par le Monde) : «Selon la plus haute juridiction administrative, les éditeurs peuvent bloquer l’accès à leur site à un internaute qui refuserait les cookies, contrairement à ce que préconise le gendarme français des données personnelles dans ses lignes directrices sur le sujet publiées en 2019.»

En bref, le Conseil D’État «légaliserait» cette pratique, généralement appelée «cookies walls» (où il est nécessaire d’accepter les cookies pour accéder à un contenu, comme on parle de paywall lorsqu’il faut payer), à la suite d’une procédure menée par neuf associations qui représentent des entreprises françaises dans le domaine des médias, de la publicité et du commerce en ligne (Geste, SRI, IAB France, MMAF, Udecam, AACC, Fevad, UDM et SNCD).

«Droit souple»

Problème : selon plusieurs spécialistes des questions de vie privée et médias spécialisés, qui s’appuient sur le contenu de la décision, le Conseil d’État se prononce en fait sur la forme et non sur le fond. Sa décision ne permettrait donc pas, en l’état, de préjuger de la légalité ou non d’un «cookies walls».

On peut lire dans le communiqué de presse de la juridiction que «le Conseil D’État annule partiellement les lignes directrices de la Cnil relatives aux cookies et autres traceurs de connexion». Mais plus bas, on apprend que le Conseil D’État juge que «la Cnil a excédé ce qu’elle pouvait légalement faire dans le cadre d’un acte dit "de droit souple"». Les actes de droit souple désignant «les instruments, telles que les lignes directrices des autorités de régulation [comme la Cnil], qui ne créent pas de droit ou d’obligation juridique pour quiconque mais influencent fortement, dans les faits, les pratiques des opérateurs économiques».

Le Conseil D’État considère donc «que la Cnil ne pouvait, sous couvert d’un acte de droit souple, énoncer une telle interdiction générale et absolue» à propos des cookies walls. Tout en prenant bien soin de préciser qu’il se prononce sur cette question de forme «sans se prononcer sur le fond de la question», à savoir la légalité de bloquer l’accès à un contenu à un utilisateur qui refuserait les cookies.

Pour Bernard Lamon, avocat spécialiste des questions liées au règlement général sur la protection des données (RGPD), le Conseil D’État a simplement dit que sur un point très précis de ses lignes directrices, la Cnil avait franchi la ligne jaune puisque «dans des lignes directrices on ne peut pas dire que les cookies walls sont interdits de manière globale». «Mais le Conseil D’État ne s’est pas prononcé sur la légalité des cookies walls, contrairement à ce que prétendent certains qui se livrent à une bataille de communication. Pour savoir si c’est légal ou non, il faudra du contentieux, avec un examen concret, site par site», estime-t-il.

Pour Etienne Drouard, l’avocat du cabinet Hogan Lovells qui représente les associations requérantes, le Conseil D’État «rappelle que la Cnil doit analyser au cas par cas les alternatives proposées à l’utilisateur en contrepartie de l’accès au site de l’éditeur.» En d’autres termes, en proposant à l’internaute soit d’accéder gratuitement au contenu avec des cookies publicitaires, soit de se connecter via un compte, soit de payer, l’éditeur du site offre un choix au lecteur, «qui préserve la liberté du consentement prévue par le RGPD». «Ce qui n’est pas possible, c’est de conditionner l’accès au site à l’acceptation des cookies, sans offrir d’alternative», avance l’avocat, confirmant donc que le Conseil d’État n’a pas «légalisé» les cookies walls. Plus largement, il se félicite que le Conseil d’État rappelle qu’un «régulateur comme la Cnil ne peut pas, à la différence d’un législateur, créer des interdictions de principe».
«Retour à l’équilibre»

«La Cnil prend acte de cette décision et ajustera en conséquence ses lignes directrices et sa future recommandation pour s’y conformer», a indiqué la commission sur son site.

Sur le fond, la Cnil s’était alignée sur la position du comité européen de protection des données (CEPD), organe européen indépendant qui «contribue à l’application cohérente des règles en matière de protection des données au sein de l’Union européenne». Celui-ci considère en effet que les cookies walls ne sont pas «conformes» au RGPD puisque «les utilisateurs ne sont pas en mesure de refuser le recours à des traceurs sans subir des conséquences négatives (en l’occurrence l’impossibilité d’accéder au site consulté)».

Le Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste), qui faisait partie des requérants, se satisfait de son côté de la décision du Conseil d’État qui permet «un retour à l’équilibre du RGPD» : «Nous avions la conviction que la Cnil avait surinterprété le RGPD. Nous défendons le droit pour les éditeurs de site de choisir leur modèle économique», avance son président, Bertrand Gié. Y compris le cookies walls donc, même si «à sa connaissance», aucun gros site français n’a pour le moment fait ce choix. Explicitement en tout cas : selon le blogueur Aeris, qui travaille «dans la sécurité informatique et plus précisément sur la vie privée», la pratique du cookies wall recouvre aussi les nombreux sites qui partent du principe que «si vous continuez à visiter ce site, vous consentez à recevoir des cookies» : «C’est tout aussi illégal, et en pratique le refus des cookies implique une impossibilité de visite du site», estime-t-il.

Dans la même décision, «le Conseil d’État donne raison à la Cnil sur tout le reste, que ce soit sur sa compétence ou les lignes directrices» relève par ailleurs l’avocat Bernard Lamon. Idem pour le média spécialisé Next Inpact qui juge que la décision du Conseil D’État va dans le sens de la commission, «même si cette dernière devra parfois ajuster sa manière de faire. C’est notamment le cas pour les cookies walls» : «Alors qu’éditeurs de presse et autres organismes publicitaires s’étant attaqués aux lignes directrices de la Cnil s’attendaient à une confirmation de leur position, cela n’a pas été le cas. […] Concernant le consentement [des utilisateurs] ses positions se trouvent renforcées par le Conseil D’État qui a "validé l’essentiel des interprétations ou recommandations" en la matière. Notamment que la gestion devait être symétrique (aussi simple à accorder qu’à refuser) et "porter sur chacune des finalités, ce qui implique notamment une information spécifique".»

CNIL cookies cookies-walls Libertés RGPD
https://www.liberation.fr/checknews/2020/06/23/le-conseil-d-etat-a-t-il-autorise-les-sites-a-bloquer-les-utilisateurs-qui-refusent-les-cookies_1792054

Souveraineté juridique : la soumission de la France aux lois américaines (2/11)

Tue 21 Jan 2020 - 09:11

Avec le Patriot Act, puis le Cloud Act, la France a perdu une partie de sa souveraineté juridique, balayée par les lois extraterritoriales américaines. Mais une volonté de reconquête se fait désormais jour.

Le constat est implacable, la France a perdu depuis l'instauration par les États-Unis du Patriot Act en 2001 une partie de sa souveraineté juridique. La cause : les lois extraterritoriales américaines, qui ont contraint les entreprises françaises et du monde entier à se soumettre au droit américain grâce à des liens parfois très ténus (paiement en dollars par exemple) avec les États-Unis. En dépit de la loi Sapin 2 de décembre 2016, la France - tout comme l'Europe - n'a jusqu'ici rien pu faire pour s'y opposer vraiment... alors même que les États-Unis se sont servis du droit comme "d'une arme de destruction dans la guerre économique" qu'ils mènent contre le reste du monde, a affirmé le député Raphaël Gauvain, qui a remis en juin 2019 un rapport sur la reconquête de la souveraineté de la France au Premier ministre. Dans un entretien à La Tribune, le député LREM martèle qu'il y a une "véritable instrumentalisation de cette procédure au service de l'économie et des entreprises américaines".

Les entreprises en situation de très grande vulnérabilité

Cette arme juridique a servi à piller leurs alliés traditionnels, notamment en Europe, en ciblant plus particulièrement l'Allemagne et la France. Ainsi, plusieurs dizaines de milliards de dollars d'amendes ont été réclamées par la justice américaine à des entreprises françaises, européennes, asiatiques et sud-américaines au motif que leurs pratiques commerciales, leurs clients ou certains de leurs paiements ne respectaient pas le droit américain. Les entreprises françaises "sont dans une situation de très grande vulnérabilité, les autorités françaises donnant depuis de longues années le sentiment de la passivité et l'impression d'avoir renoncé", a d'ailleurs constaté le rapport Gauvain.

Elles le sont encore plus avec l'instauration du Cloud Act en mars 2018. Car les États-Unis sont passés à la vitesse supérieure en élargissant les prérogatives prévues par le Patriot Act. Le Cloud Act permet légalement aux autorités américaines d'accéder aux données de toute personne ou entreprise liée d'une façon ou d'une autre aux États-Unis, peu importe leur lieu de stockage.
Une atteinte à la souveraineté diplomatique de la France

Longtemps, les enquêtes en matière de corruption active d'agents publics étrangers ont constitué l'élément central qui justifiait l'action extraterritoriale du ministère de la Justice américaine (DoJ). En quelque sorte un paravent éthique. Ce n'est plus aujourd'hui totalement le cas avec la multiplication des sanctions internationales décrétées par Washington, instaurées sans aucune concertation au niveau mondial. Cet unilatéralisme en matière de sanctions économiques et financières a d'ailleurs crû indépendamment de la couleur politique de l'administration américaine. Ou comment soumettre un pays sans envoyer un seul GI risquer sa vie... Résultat, certaines amendes infligées par les États-Unis ont été astronomiques comme celle record de près de 9 milliards de dollars payée par BNP Paribas pour violation des sanctions internationales en contournant entre 2000 et 2010 les embargos imposés par les États-Unis à Cuba, à l'Iran, au Soudan ou à la Libye.

Résultat, d'année en année, la liste des pays coupés du monde augmente par la seule volonté des États-Unis. Au 1er décembre 2018, l'Ofac (Office of Foreign Assets Control), chargé de l'application des sanctions internationales américaines dans le domaine financier, infligeait 30 régimes ou programmes actifs de sanctions à presque autant de pays, régimes ou types d'organisations à travers le monde. Pourtant, les divergences stratégiques entre l'Europe et les États-Unis au sujet de la politique de sanctions internationales n'ont jamais été aussi grandes. C'est le cas notamment sur le dossier iranien bien avant l'assassinat ciblé du général iranien Qassem Soleimani par les Etats-Unis, qui a embrasé le Moyen Orient. Ainsi, le constructeur PSA, qui avait investi 350 millions d'euros en Iran, a été obligé de tirer un trait sur environ 450.000 voitures immatriculées par an. Soit quasiment 15% de ses volumes mondiaux. Une telle situation est intolérable pour un pays comme la France, qui souhaite - en principe - mener une politique internationale non alignée à celle des États-Unis en tant que membre permanent au Conseil de l'ONU, et va très clairement à l'encontre de sa souveraineté diplomatique.
La France réfléchit à casser les lois extraterritoriales américaines

Toutefois, ni la France ni l'Europe n'ont, pour l'heure, les moyens juridiques de réagir de manière efficace à des sanctions internationales prises par les États-Unis, qui n'iraient pas dans le sens de leurs intérêts. "Notre environnement juridique mérite d'être adapté au rapport de force qui s'engage actuellement avec certains de nos partenaires, tentés par une application extraterritoriale de leur droit", a d'ailleurs reconnu devant le Sénat la secrétaire générale de la défense et de la sécurité nationale Claire Landais. Mais comment la France peut-elle reconquérir sa souveraineté juridique ? Près de vingt ans après le Patriot Act et plusieurs rapports alarmistes tombés dans l'oubli par un incroyable manque de volonté politique (rapports Urvoas et Lellouche-Berger notamment), l'État français et l'Europe y travaillent enfin.

Le rapport Gauvain participe donc enfin à cette prise de conscience, qui devrait logiquement trouver un prolongement législatif en 2020. Avec un leitmotiv puissant, celui de laisser la naïveté des États au vestiaire face aux impératifs de souveraineté, comme le soulignait au Sénat en mai dernier Thierry Breton, alors encore PDG d'Atos et aujourd'hui commissaire européen.

Des avis juridiques trop peu protégés

Dans ce contexte, "le gouvernement et les administrations travaillent sur des textes", assure-t-on à La Tribune. Ainsi, sous l'impulsion de Matignon, un groupe interministériel (ministères de l'Économie, de la Justice et des Affaires étrangères) "a amorcé une réflexion sur la base du rapport de Raphaël Gauvain, afin d'actualiser la loi de 1968, dite de blocage", a précisé en septembre au Sénat la garde des Sceaux, Nicole Belloubet. Cette loi était censée imposer aux autorités administratives et judiciaires étrangères, souhaitant se faire remettre des informations stratégiques détenues par des entreprises situées en France, de passer par le canal de la coopération. Mais cette loi a été piétinée par les États-Unis.

La France réfléchit aussi à la création d'un statut particulier pour les avocats en entreprise afin de protéger les précieux avis juridiques. Car elle est l'une des rares grandes puissances économiques à ne pas préserver la confidentialité des avis juridiques en entreprise. Cette lacune fragilise les sociétés françaises et "contribue à faire de la France une cible de choix et un terrain de chasse privilégié pour les autorités judiciaires étrangères, notamment les autorités américaines", a fait valoir Raphaël Gauvain dans son rapport.
Face au Cloud Act, l'arme du RGPD

Pour le ministre de l'Intérieur, la reconquête de la souveraineté passe par la montée en puissance de l'euro : "La véritable solution, c'est notamment d'avoir une monnaie européenne suffisamment puissante pour que les entreprises européennes puissent travailler à travers le monde sans utiliser le dollar. Il faut raisonner de la même manière au sujet du cloud et, plus largement, pour l'ensemble de nos outils". Mais le chemin sera trop long pour imposer l'euro dans les transactions internationales.

Pour se faire respecter des États-Unis, la confrontation passe surtout par le strict respect du Règlement général sur la protection des données (RGPD) afin de contrer le Cloud Act. Car "l'Europe a réussi avec le RGPD à créer, sans le vouloir, un instrument à portée extraterritoriale qui défend nos valeurs", a souligné en juillet 2019 le président de la Fédération Syntec, Laurent Giovachini. "Le RGPD a instauré un cadre juridique ambitieux et puissant", a d'ailleurs fait observer en juillet dernier la présidente de la Cnil, Marie-Laure Denis. Le RGPD a vocation à s'appliquer à un marché économique de plus de 500 millions de personnes auquel les acteurs du numérique s'intéressent.

"Dans la perspective de tels conflits de normes, il est essentiel pour rester crédibles de pouvoir leur opposer des outils comme le RGPD ou une loi de blocage rénovée, a estimé Claire Landais. Ces textes normatifs auront, d'une part, un effet incitatif dans les négociations qui doivent s'engager entre États et, d'autre part, un effet dissuasif sur les sociétés étrangères concernées, exposées au risque d'être en infraction avec nos normes". Le RGPD interpelle déjà les entreprises américaines, comme s'en est aperçue Marie-Laure Denis : "J'ai pu constater à quel point les entreprises américaines étaient intéressées par l'affirmation européenne d'une législation extraterritoriale". Car quoi qu'il arrive, les États-Unis ne respecteront que l'épreuve de force. La France semble y être prête, mais l'Europe des 28 le veut-elle ?
Michel Cabirol

RGPD USA
https://www.latribune.fr/economie/france/souverainete-juridique-la-soumission-de-la-france-aux-lois-americaines-2-13-836793.html

Généalogie : la numérisation des documents d’état civil est-elle libre ?

Wed 4 Dec 2019 - 14:01

Oui... à condition de protéger certaines données personnelles, a répondu le ministère de la Culture à la question écrite du sénateur Jean-Louis Masson (NI, Moselle). Décryptage de la réponse de la Rue de Valois.

Le parlementaire de Moselle Jean-Louis Masson s’interroge sur les conséquences de cette passion française pour la généalogie, plusieurs associations de généalogistes amateurs proposant aux communes « de numériser leurs documents d’état civil afin de permettre l’accès du plus grand nombre à ces documents ». Cette numérisation est-elle conforme au droit ? Le ministère de la Culture souligne tout d’abord que les actes de naissance et de mariage sont communicables à tous au terme de 75 ans. Quant aux actes de décès, ils le sont immédiatement, sauf si l’accès est -limité par le procureur de la République. « Les documents librement communicables peuvent être consultés par les généalogistes amateurs dans les institutions qui les conservent : mairies, greffes ou services départementaux d’archives, ajoute la Rue de Valois. La communication s’opère, au choix du demandeur, par consultation gratuite sur place ou par délivrance d’une copie.
Préserver les originaux… et les données personnelles

Et rien ne s’oppose à ce que l’usager « reproduise lui-même les documents avec son propre matériel. Ces opérations de reproduction ne doivent cependant pas être autorisées si elles présentent un risque pour la conservation des registres originaux », précise le ministère, et « la reproduction doit se faire […] en prenant le plus grand soin des documents ».

La réutilisation des informations publiques obtenues est libre et gratuite. « Néanmoins, lorsque les documents reproduits comportent des données à caractère personnel, c’est-à-dire relatives à des personnes vivantes, leur traitement par les usagers et les associations généalogiques est soumis au réglement européen » de protection des données. Ainsi, « la plus grande vigilance s’impose s’agissant du traitement des actes d’état civil de personnes potentiellement vivantes, prévient le ministère. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a interdit toute mise en ligne, par des opérateurs de généalogie, de fichiers-images et d’indexations nominatives d’actes de moins de 120 ans ou relatifs à des personnes nées depuis moins de 120 ans. »

Références

Réponse à Jean-Louis Masson, n° 7946, JO Sénat du 18 avril 2019

généalogie RGPD vie-privée
http://www.courrierdesmaires.fr/82937/genealogie-la-numerisation-des-documents-detat-civil-est-elle-libre/
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