Nous sommes les élus. Dans chaque famille, il en est un qui semble appelé à retrouver les ancêtres, à redonner de la matière à ces fantômes et à les faire revivre, à raconter l'histoire de la famille et à sentir que d'une certaine manière, ils le savent et approuvent.
Pour moi, faire de la généalogie n'est pas une froide collecte de faits, plutôt une renaissance de tous ceux qui nous ont précédés.
Nous sommes les narrateurs de la tribu. Toutes les tribus en ont un.
Nous avons été appelés par nos gènes. Ceux qui nous ont précédés nous en conjurent : racontez notre histoire. C'est ce que nous faisons. En les retrouvant, nous nous retrouvons nous-mêmes, en quelque sorte.
Cela va au-delà du simple exposé de faits. Il s'agit de savoir qui je suis et pourquoi je fais les choses que je fais. Je suis fière de ce que nos ancêtres ont pu accomplir, de leur contribution à ce que nous sommes aujourd'hui. Écrire leur histoire, c'est respecter leurs épreuves et leurs peines, leur résistance et leur constance, leur détermination à continuer et à construire une vie pour leur famille.
J'écris aussi leur histoire parce que j'ai compris qu'ils l'avaient fait pour nous. Pour que nous puissions naître tels que nous sommes. Et que nous puissions nous souvenir d'eux.
Et c'est ce que nous faisons. Avec respect et bienveillance, en décrivant chaque pas de leur existence, parce que nous sommes eux et qu'ils sont nous. Ainsi, comme un scribe que l'on convoque, je raconte l'histoire de ma famille. C'est maintenant à l'élu de la génération suivante de répondre à l'appel et de prendre sa place dans la longue lignée des conteurs de famille.
Voilà pourquoi je fais de la généalogie, et voilà ce qui incite les jeunes, et les moins jeunes, à s'engager et à redonner vie à ceux qui nous ont précédés.
Librement traduit et inspiré d'un poème en prose anglaise aux origines obscures, souvent cité sur les sites de généalogie anglophones, mais généralement attribué à Della M. Cummings Wright
La Dordogne est devenue une voie naturelle d’échanges et ce, depuis l’époque Gallo-Romaine. Il faut dire que les ressources ne manquaient pas, les forêts pour le bois de construction et le chauffage, les merrains pour la tonnellerie, les carassonnes (piquet de vignes en châtaigniers). En plus du bois, on transportait les fromages d’Auvergne, les peaux des tanneries de Bort-les-Orgues, les châtaignes (qui pouvaient également partir vers l’Angleterre et la Hollande), les « soustres » pierres destinées aux meules, le charbon d’Argentat, le genièvre, le vin, les céréales, les papeteries et diverses marchandises telles que les tuiles, les poteries…
On peut même dire qu’elle a fait vivre et parfois prospérer bon nombre de riverains.
C’est ainsi qu’on a construit des « gabarres » ou « gabares » tout le long de la rivière. Parfois les chantiers étaient éphémères sur l’exploitation d’une coupe de bois. C’étaient des barques à fond plat ou « sole » qui permettait avec un faible tirant d’eau de porter un maximum de charge car elles étaient destinées au transport de marchandises. Elles pouvaient même être gréées. Sous ce terme, on désignait plusieurs sortes de bateaux fluviaux. Le courpet est un ancien type de gabare, utilisé en haute Dordogne depuis Argentat en Corrèze (le nom « d’Argentat » était également utilisé pour le désigner), bien que généralement construit à Spontour (commune de Soursac) ou Saint-Projet. L’élan du bateau était impulsé par une rame ou « pallas » et le gabarrier, juché sur le chargement afin de pouvoir observer, dirigeait la manœuvre, à l’aide d’un grand aviron ou « plume » ou « gober ». Il fallait une autre personne pour écoper. A usage souvent unique, il était fabriqué avec du « bois pauvre » comme le hêtre, le tremble, l’aulne, le bouleau, le peuplier…Arrivé à destination il était alors « déchiré » (désassemblé) et vendu avec le chargement comme bois de chauffage.
On disait alors de cette navigation qu’elle était à bateau perdu car il était très difficile de remonter à contre-courant surtout en l’absence de chemin de halage. Les gabariers rentraient alors à pied ou sur de légers « couralins ». L'activité des courpets était saisonnière, et se concentrait sur une période d'environ 27 jours, période appelée par les gabariers : « eau marchande » ou « eau de voyage ». C’était à la fin du printemps avec les eaux de neige ou au début de l’automne avec les grosses pluies que l’eau était assez haute pour passer les hauts fonds sans trop de difficulté car les passages périlleux étaient nombreux (appelés localement « malpas »), bien connus et redoutés par les gabariers. Le trajet entre Argentat et Libourne en Gironde s'effectuait en 5-6 jours par beau temps, mais nécessitait néanmoins que plusieurs courpets partent en convoi. Ces parcours nécessitaient « une protection divine » et le départ donnait toujours lieu à une cérémonie religieuse. Le restant de l’année les hommes exerçaient un autre métier (charpentiers, mérandiers…)
D’autres argentats descendaient la Dordogne, les couajadours qui pouvaient être réutilisés ainsi que les gabarots (petites gabarres). Certains gabarots et les batelets étaient utilisés pour la pêche. Quant aux naus ils servaient pour aller d’une rive à l’autre. Le coureau (ou courreau, courau) était un type de gabare de transport traditionnelle de fret à fond plat originaire de la Gironde et de la Dordogne, relevé aux extrémités aux formes allongées pointues et étroites. A l’arrière de l’embarcation, un long aviron « la plume » servait de gouvernail. Le mat qui supporte la voilure était repliable pour passer sous les ponts. La cale à marchandise était à ciel ouvert. Les coureaux de Dordogne, longs de 15 à 20m environ pour 4,50m de large pour un tonnage de 25 à 50 tonnes Une cale ouverte servait d’abri à l’équipage.
Les couralins étaient semblables aux coureaux, ils avaient une voile carrée, le logement du gabarier était sous le pont arrière. Le tonnage était inférieur à 15 tonnes. Ils étaient destinés à naviguer en moyenne Dordogne et à la remonte. La remonte, permettait d'alimenter le "haut pays" en sel, poissons séchés ou salés (sardines, morues), huile d’olive, savon, sucre, café, soie et bois exotiques…Elle était cependant moins importante que la descente. Elle se faisait avec l'aide de la marée, du vent (voiles) notamment sur la partie aval. En amont, après Castillon, il était fréquent d'avoir recours à la tire ou halage. Le chemin de halage longeait la rivière, les tireurs pouvaient être au nombre de 20 à 30, de 80 à 100 quand il fallait franchir des passages difficiles. Au XVIIIe siècle les tireurs ont été remplacés par des bœufs.
Florissante du XVIIe siècle à une bonne partie du XIXe siècle, la batellerie a réduit son activité par la suite, à cause notamment des épidémies de phylloxéra et l’arrivée du train.
Le tourisme fluvial et de plaisance a remplacé cette vieille navigation, c’est un facteur majeur de développement économique.
La chanson des gabariers.
C'était le temps des gabariers, Qui descendaient au fil de la Dordogne Sur leurs bateaux qu'ils conduisaient Du haut pays jusqu'en basse Gascogne Le beau voyage en vérité Entre les bois dans les gorges profondes Le beau voyage au fil de l'onde Au temps des Gabariers En ce temps-là notre belle rivière Coulait gaiement sous les ponts de chez nous On aimait voir folâtrer son eau claire Reflets d'argent dansant sur les cailloux Je me souviens on chargeait les gabares A Spontour au pied de notre maison Les fiers lurons en larguant les amarres Nous quittaient en chansons C'était le temps des gabariers, Qui descendaient au fil de la Dordogne Sur leurs bateaux qu'ils conduisaient Du haut pays jusqu'en basse Gascogne Le beau voyage en vérité Entre les bois dans les gorges profondes Le beau voyage au fil de l'onde Au temps des Gabariers Quand ils disaient que l'eau était marchande Le moment était venu de partir Ils quittaient Jeanne, Marie ou Fernande Mais quand on part c'est pour mieux revenir Les échalas charges sur les gabares Ils s en allaient au fil des hautes eaux Pendant trois jours et sans lâcher la barre Ils voguaient vers Bordeaux C'était le temps des gabariers, Qui descendaient au fil de la Dordogne Sur leurs bateaux qu'ils conduisaient Du haut pays jusqu'en basse Gascogne Le beau voyage en vérité Entre les bois dans les gorges profondes Le beau voyage au fil de l'onde Au temps des Gabariers
Acadie Nouvelle3 décembre 2017
Pour nombre d’entre eux, partis de diverses provinces françaises au XVIIe siècle, il est très difficile de savoir d’où ils étaient originaires et la première difficulté est le manque d’archives originelles les concernant, celles-ci ayant disparu lors du Grand Dérangement, archives qui auraient indiqué leur provenance.
Sur le premier recensement d’Acadie de 1671, document original conservé aux Archives d’outre-mer à Aix-en-Provence, nous ne trouvons ni mention du lieu d’origine, ni les noms de leurs parents restés en France.
Les origines qui ont pu être retrouvées pour un petit nombre de migrants qui étaient inscrits sur des rôles de navire ou avaient passé des contrats d’engagements chez un notaire. Certains renseignements ont ainsi de pouvoir confirmer des origines: par exemple, Guillaume Trahan de Bourgueil en Anjou et son épouse Françoise Corbineau partis sur le Saint-Jean en 1636, avec leur fille Jeanne (future épouse de Jacques Bourgeois, pionnier d’Acadie bien connu). Ils s’étaient mariés à Chinon le 13 juillet 1627 (Source: Jean-Marie Germe, 1986). Également plus facile pour les personnages historiques pour lesquels il y avait quelques indices comme Nicolas Denys de Tours, Charles de Menou à Charnizay ou Françoise-Marie Jacquelin à Nogent-le-Rotrou, dont les baptêmes ou l’origine ont été retrouvés et publiés par M. Germe dans les bulletins AGCF.
Des similitudes de noms ne peuvent suffire à inscrire leurs origines avec certitude. On retrouve les patronymes acadiens dans beaucoup de départements français. Ainsi en 1963, une hypothèse, dans une étude linguistique, a été émise proposant, sur des ressemblances de noms, qu’une grande partie des migrants acadiens étaient du Loudunais (Généralité de Tours jusqu’à la Révolution). Cette hypothèse a très vite été reprise comme certitude, certains n’hésitant pas ensuite à accommoder l’Histoire. Ainsi on peut lire encore de nos jours que Théophraste Renaudot, dans la Gazette de France en 1632, aurait relaté le départ des Loudunais avec Razilly parti d’Auray en Bretagne en 1632!
Lorsqu’on lit la Gazette de France originale du 14 juillet 1632, sauf erreur, on peut noter qu’Isaac de Razilly (Commandeur de l’Île Bouchard en Touraine ) est parti d’Auray en Bretagne avec 300 hommes d’élite et 3 capucins, mais dont la provenance n’est pas mentionnée.
Deux filles Brin baptisées à la Chaussée en Loudunais, seraient ainsi, selon cette hypothèse, les filles Brun recensées en Acadie en 1671. Or, il n’y a pas de document qui atteste d’un lien avec l’Acadie; les noms de leurs mères sont différents ainsi que le lieu-dit de résidence. Comment pouvoir être certains qu’elles sont sœurs et que ce sont les mêmes que celles recensées en Acadie?
Un Etienne Rebecheau est recensé à la Chaussée, mais ne quittera jamais la Chaussée où il baptise des enfants et y décède le 24 février 1718. Par conséquent, il ne peut pas être Etienne Robichaud recensé en Acadie en 1671 dont on ne sait rien. Est-il né en France, est-il né en Acadie?
L’origine d’Antoine Bourc, qui figure également sur le Recensement d’Acadie de 1671, est toujours inconnue, et ce malgré l’installation d’une plaque à son nom dans une église. Comme pour les autres pionniers, personne ne connaît les noms de ses parents.
Deux baptêmes en 1627 ont été trouvés au nom de Jeanne Chebrat, l’un à Poitiers (Poitou) l’autre à la Chaussée (Anjou à l’époque). Mais personne ne connaît les noms des parents de Jeanne Chebrat recensée en Acadie, donc il est impossible de dire si l’une d’elles est la migrante. Il en existe peut-être d’autres ailleurs en France.
Pour l’Acadie, pour annoncer une origine française à leurs descendants, il ne faut se fier qu’aux archives retrouvées qui la confirment.
Marie-Christine Chaillou (Poitiers)
Les Amitiés Généalogiques Canadiennes-Françaises
A partir de quel âge peut-on se marier en France ? Et doit-on demander l’autorisation de ses parents ?
Oui, ce sont 2 questions différentes, il ne faut pas confondre l’âge nubile (en droit, cela désigne quelqu’un qui est en âge d’être marié) et la majorité matrimoniale (âge auquel une personne peut s’engager dans les liens du mariage sans autorisation de ses parents) !
Jusqu’à la Révolution : dans le droit canonique (autorité catholique), l’âge nubile et la majorité matrimoniale étaient de 12 ans pour les filles et de 14 ans pour les garçons. Et un édit de Henri II entré en vigueur en 1556 et valable jusque 1792 fixait la majorité à 30 ans pour les garçons et 25 ans pour les filles.
Loi du 20 septembre 1792 : mariage à partir de 13 ans pour les filles et 15 ans pour les garçons, mais avec le consentement des parents jusque 21 ans.
Code civil de 1804 : la nubilité est à 15 ans pour les filles et 18 ans pour les garçons, la majorité matrimoniale à 21 ans pour filles et 25 ans pour les garçons !
Loi du 21 juin 1907 : Il faudra attendre 100 ans pour que la majorité matrimoniale soit également fixée à 21 ans pour les garçons.
Loi du 5 juillet 1974 : On peut se marier sans le consentement de ses parents à partir de 18 ans.
Depuis 2006 : La nubilité est ramenée à 18 ans aussi pour les filles…
Le XVIIIe siècle ou Siècle des Lumières est aussi le siècle du clair-obscur, mêlant le pire et le meilleur, avec des comportements divergents face au mariage, selon que l'on appartient aux classes supérieures ou aux classes populaires.
Ces divergences se retrouvent aux siècles suivants et jusqu'à nos jours avec la concurrence entre mariage arrangé et mariage d'amour, entre pudibonderie et liberté sexuelle, entre soumission de la femme et émancipation.
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