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«La faute à Ève», ou comment une lecture de la Genèse a rendu la femme inférieure et coupable | Slate.fr

Sat 31 Oct 2020 - 19:03

Histoire de la misogynie, paru le 22 octobre aux éditions Arkhê, se veut l'archéologie d'un mépris, celui de la femme et de la féminité, tel qu'il s'exprime depuis la haute Antiquité. Un terrible constat s'impose sur la longévité et la ténacité des regards péjoratifs portés sur les femmes et la féminité. Ces regards sont ceux des hommes, parfois intériorisés par des femmes; ils sont puissamment ancrés dans les mentalités par le langage, les images, les théories et les croyances, la littérature, la médecine et le droit.

Comment comprendre la misogynie? Procède-t-elle uniquement d'habitudes profondément ancrées en nous? Est-elle partie intégrante de la masculinité?

Autant de questions qu'étudient Adeline Gargam et Bertrand Lançon dans cet ouvrage dont nous publions les bonnes feuilles. Voici un extrait du chapitre «La faute à Ève».

Dans les sociétés juives et chrétiennes, mais aussi musulmanes, autrement dit dans les sociétés qui tiennent la Bible pour un livre inspiré, le livre de la Genèse a été abondamment exploité, de l'Antiquité tardive à l'époque moderne, pour façonner la femme originelle, Ève, en être coupable devant susciter la méfiance. Le texte sacré a servi de support à une double interprétation misogyne. D'abord du point de vue de la création et ensuite de celui de la «chute», déterminant ainsi un fondement scripturaire et religieux à la conviction d'une infériorité et d'une culpabilité féminines.

La figure d'Ève apparaît toujours aujourd'hui comme l'image originelle de la femme sujette à la tentation et à la curiosité transgressive, et à son tour tentatrice et fauteuse de la chute de l'homme. Ève proposant la «pomme» à Adam appartient à une vulgate iconographique et culturelle qui est aussi solidement ancrée qu'elle est dévoyée par rapport au texte biblique. De ce fait, Ève comme source du péché est une figure mythologique de la misogynie, mais cette misogynie-là s'est construite par une cristallisation spécieuse, opérée au détriment du texte de la Genèse. Autrement dit, la Bible a été convoquée de manière fallacieuse pendant des siècles afin de légitimer des fantasmes misogynes dont elle n'était pas porteuse.

Un portrait-charge

La femme, ayant été modelée à partir de la côte de l'homme endormi, Adam, lui-même façonné dans la terre par la main d'Élohim, a été regardée comme tirée de l'homme. Le récit de la Genèse a, de ce fait, donné lieu à une extrapolation tenace: puisque la femme est postérieure à l'homme et qu'elle est tirée de lui, elle n'aurait été qu'une création secondaire de Dieu et une auxiliaire de l'homme. En d'autres termes, plus philosophiques, secondaire dans l'ordre chronologique, elle le serait aussi dans l'ordre ontologique. Sans compter que la postérité serait aussi un critère d'infériorité ontologique, ce qui est une extrapolation puisque l'homme, dans le processus de création, est lui-même postérieur à la terre, au ciel et aux animaux!

Rappelons le texte. Le façonnement de la femme y procède d'une constatation qui est à la fois celle de l'homme et celle de Dieu lui-même: aucun être créé par Dieu dans les espèces animales ne procure à Adam une aide suffisante à ses besoins, ce qui le renvoie à la solitude. Dans le texte, la raison pour laquelle Dieu façonne une compagne à l'homme est très claire: il s'agit de lui donner, par elle, un être véritablement capable de l'extraire de cette solitude et de l'aider. L'infériorité ontologique de la femme par rapport à l'homme est donc un jugement de valeur qui considère l'aidant comme inférieur à l'aidé, ce qui est une vue de l'esprit tout à fait discutable.

À cela s'ajoute le rôle joué par Ève dans la tentation et la chute. Dans l'Éden, elle est séduite par le discours du serpent, qui l'incite à goûter le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. C'est elle qui convainc Adam de faire de même. Par là même, Ève a été érigée en être influençable par le malin, en être à la fois indocile et curieux, étendant sa tentation à l'homme. Bref, en être par qui le malheur arrive. Condamné au travail, à l'enfantement douloureux et à la mortalité, le couple primordial se trouve chassé de l'Éden avec le poids de sa faute.

Ce n'est pas tant la Genèse qui pèse que les interprétations fallacieuses qui ont fleuri sur elle. Dès les premiers siècles, mais surtout au cours du Moyen Âge, le texte a été extrapolé vers l'infériorité et la subordination de la femme à l'homme et vers la responsabilité première du péché et des douleurs qui en découlent. Perçue comme étant d'un statut inférieur à lui, elle représente en outre la menace de conduire à la faute envers Dieu. Tel est le fondement, soi-disant scripturaire, d'une perception misogyne terriblement tenace.

Dans les sociétés considérées, le texte biblique faisant autorité incontestable, ces interprétations, qui ne sont autres que des lectures spécieusement conduites par la logique, obéissent en fait à une forme de diabolisation de la femme qui n'est autre que la misogynie. Une misogynie fondée par l'Écriture, justifiée par elle et donc fondée en vérité, et verrouillée par des fondements religieux. La conséquence est terrible: compagne seconde et défaillante de l'homme, Ève reçoit la plus grande part des malédictions prononcées à l'égard du couple par celui que la Bible n'appelle pas encore Yahvé.

Étant perçues comme des êtres dangereux, elles étaient considérées comme devant être soumises, écartées et mises hors d'état de nuire.

Sans être plus misogyne que ses contemporains, saint Paul énonce, au milieu du Ier siècle, un certain nombre de ces interprétations dans ses Épîtres. À la fin du IIe, Tertullien, le premier écrivain parmi les Pères latins, l'accrédite en faisant de la femme, dans son traité sur l'âme, la porte du diable. Il insiste encore sur ce point dans son livre contre la toilette des femmes, en vilipendant le maquillage, considéré à la fois comme une attention excessive portée au corps et une propension à la tentation séductrice de la chair. On prendra cependant garde à ne pas assimiler les assertions de Tertullien avec celles de l'ensemble des chrétiens: celui-ci avait en effet rejoint le courant des Montanistes, qui, dans sa méfiance envers les faiblesses du corps, prônait et pratiquait une ascèse radicale.

La compagne d'Adam n'est nommée Ève qu'en deux occurrences dans la Bible. D'abord dans Genèse 3, 20, où Adam la nomme Hawwāh (= vivante, vie). Ensuite, deux fois par saint Paul. On a façonné au Moyen Âge une origine fantaisiste de ce nom en lui prêtant une étymologie latine fortement misogyne: Eva viendrait de extra vadens («qui s'égare») parce que la femme était supposée sortir par nature de la voie de la sagesse et de la raison. La conséquence de cette misogynie n'a cessé de peser ensuite sur les femmes. Étant perçues comme des êtres dangereux, elles étaient dès lors considérées comme devant être soumises, écartées et, par l'organisation sociale, mises hors d'état de nuire.

Le dévoiement des récits de la Création

Une lecture attentive, dans la Genèse, des passages qui peuvent se prêter à une interprétation misogyne nous donne à voir tout autre chose. Le premier récit de la Création indique: «Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa.» On ne voit ici aucune antériorité de l'homme sur la femme, mais une simultanéité, puisque le texte ne fait aucun distinguo chronologique. Par ailleurs, on n'y trouve aucune hiérarchisation entre îsh (l'homme) et ishshah (la femme), qui sont présentés comme deux déclinaisons du même être.

Le second récit de la Création se montre plus précis. Élohim modèle l'homme avec de la glaise du sol, et le nom qui lui est donné, âdam, vient du mot hébreu désignant le sol, adâmah. C'est la raison pour laquelle André Chouraqui, dans sa traduction littérale de la Bible, traduit âdam par «le glébeux». Dieu insuffle dans ses narines une haleine de vie, qui lui permet de devenir un être vivant. Il l'établit dans le jardin d'Éden pour qu'il le cultive et le garde, lui faisant toutefois interdiction de manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal.

Élohim crée alors des animaux pour fournir à âdam une aide assortie, mais celui-ci ne la trouva pas parmi ceux-ci. De cette constatation d'inachèvement, il fait tomber l'homme dans un profond sommeil, prend l'une de ses côtes, referme sa chair, façonne une femme de cette côte et l'amène à l'homme. Celui-ci l'appelle alors ishshah, car tirée de îsh, ce qui est un jeu sur l'homophonie des termes.

Adam apparaît comme une sorte de prototype imparfait et c'est Ève qui vient, par la main de Dieu, parachever l'être humain.

L'affirmation qui suit est explicite: c'est pour cette raison que l'homme s'attache à sa femme et qu'ils deviennent une seule chair, ce qu'ils sont effectivement. Autrement dit, la femme apparaît dans le second récit de la Création comme un correctif à l'inachèvement, un perfectionnement destiné à parfaire l'être humain en le complétant. On est donc bien loin d'une quelconque misogynie puisque la femme est aussi façonnée par Dieu, dans la même matière que l'homme, la sienne. N'en procède aucune infériorité, car elle n'est pas une apostille: c'est par elle que l'homme devient pleinement homme, et donc pleinement l'image de son créateur. Adam apparaît comme une sorte de prototype imparfait et c'est Ève qui vient, par la main de Dieu, parachever l'être humain.

Aboutissement de la Création, elle a donc été l'objet, de la part de toute une exégèse approximative ou malintentionnée, de dérives interprétatives misogynes. Au XIIIe siècle, Thomas d'Aquin était, semble-t-il, bien conscient de ce problème d'interprétation. Il écrit ainsi qu'Ève aurait pu être considérée comme inférieure à Adam si elle avait été tirée de son pied, et comme supérieure à lui si elle avait été tirée de sa tête. Les traducteurs de la Genèse se sont aussi demandé si elle avait été tirée de la «côte» (costa) ou du flanc (latus) d'Adam.

Adam et Ève sont donc deux êtres issus d'une seule création. C'est pourquoi l'Évangile de Jean désigne Jésus non pas comme anèr (homme) mais comme anthropos (homme, au sens d'être humain): cela se traduit dans quelques représentations androgynes du Christ dans l'art médiéval, tel ce vitrail roman du XIIe siècle de la cathédrale du Mans, dans lequel il possède de toute évidence une poitrine féminine.

Relisons maintenant le passage qui concerne la faute dans la traduction faite par l'École biblique de Jérusalem en 1964. Ève voit dans l'arbre défendu un arbre séduisant car «désirable pour acquérir l'entendement». Il ne s'agit donc pas d'une curiosité malsaine, mais du désir humain de connaître et comprendre, que l'on peut interpréter comme la conséquence de la création de l'être humain achevé. Un désir qui résonne comme le prodrome de la «rage d'apprendre» des femmes de l'époque moderne. Ève mange du fruit et en donne à Adam, qui en mange également sans émettre la moindre protestation.

Lorsque Élohim découvre l'infraction à son commandement, le texte évoque une suite de déresponsabilisations: Adam rejette la faute sur Ève qui lui a donné le fruit; Ève la rejette sur le serpent, qui lui a assuré qu'elle ne mourrait pas si elle en mangeait. Elle n'était pourtant pas mortelle, alors, et cela traduit un manque de confiance, inexplicable dans le cadre de l'Éden. Il est remarquable qu'à la suite de ce double aveu, Dieu commence par maudire le serpent. Il étend ensuite sa malédiction sur la femme, qui enfantera désormais dans la peine et qui, poussée vers son mari, sera dominée par lui; et sur l'homme, condamné à peiner pour manger et promis à retourner à la terre d'où il a été tiré. Il condamne donc la femme à donner la vie dans la peine et l'homme à la mort après une vie de peines. On le voit, le châtiment diffère, puisqu'il évoque le don de la vie pour la femme et la mortalité pour l'homme.

À tout le moins, il est remarquable que la responsabilité de la faute n'incombe pas à la femme seule. La déclinaison des malédictions remonte la chaîne des causalités, du serpent à l'homme en passant par la femme. Celle-ci n'est aucunement désignée comme la responsable de la faute, qui est partagée par son alter ego masculin. Une fois chassé du jardin d'Éden, le couple conçoit Caïn. Or, le texte n'évoque en rien la peine, mais une jubilation d'Ève en l'honneur de Dieu: «J'ai acquis un homme de par Élohim», dit-elle. Ce qui devait être son châtiment, son asservissement à l'homme et les peines de la grossesse, devient, par la maternité, la capacité de faire des hommes. Et si Dieu agrée l'offrande du puîné, Abel, il n'agrée pas celle de Caïn, le premier-né. Par la reproduction, la femme reçoit un pouvoir similaire à celui de la création divine, tandis que, dans ce passage, Adam est le grand absent. Il revient ensuite dans le texte comme fondateur d'une lignée, la patrilinéarité mésopotamienne reprenant ses droits.

On le voit, c'est donc bien une lecture misogyne de la Genèse qui s'est ancrée dans la tradition, et non la Genèse elle-même, qui a conduit à grever Ève d'infériorité et de culpabilité. Celle-ci a déterminé une perception négative de la femme, de l'Antiquité à nos jours.

bible genèse histoire misogynie
http://www.slate.fr/story/196519/la-faute-a-eve-bonnes-feuilles-histoire-de-la-misogynie-arkhe-editions-adeline-gargam-bertrand-lancon

Déclaration de l'Académie française sur l'écriture dite "inclusive" | Académie française

Thu 30 Jul 2020 - 22:52

DÉCLARATION de l’ACADÉMIE FRANÇAISE
sur l'ÉCRITURE dite « INCLUSIVE »
adoptée à l’unanimité de ses membres
dans la séance du jeudi 26 octobre 2017

Prenant acte de la diffusion d’une « écriture inclusive » qui prétend s’imposer comme norme, l’Académie française élève à l’unanimité une solennelle mise en garde. La multiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu’elle induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. On voit mal quel est l’objectif poursuivi et comment il pourrait surmonter les obstacles pratiques d’écriture, de lecture – visuelle ou à voix haute – et de prononciation. Cela alourdirait la tâche des pédagogues. Cela compliquerait plus encore celle des lecteurs.

Plus que toute autre institution, l’Académie française est sensible aux évolutions et aux innovations de la langue, puisqu’elle a pour mission de les codifier. En cette occasion, c’est moins en gardienne de la norme qu’en garante de l’avenir qu’elle lance un cri d’alarme : devant cette aberration « inclusive », la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures.

Il est déjà difficile d’acquérir une langue, qu’en sera-t-il si l’usage y ajoute des formes secondes et altérées ? Comment les générations à venir pourront-elles grandir en intimité avec notre patrimoine écrit ? Quant aux promesses de la francophonie, elles seront anéanties si la langue française s’empêche elle-même par ce redoublement de complexité, au bénéfice d’autres langues qui en tireront profit pour prévaloir sur la planète.

Histoire langue écrire écriture-inclusive
http://www.academie-francaise.fr/actualites/declaration-de-lacademie-francaise-sur-lecriture-dite-inclusive

Actes contre les lieux de mémoire: où chercher les racines? - Sputnik France

Thu 30 Jul 2020 - 13:46

Série noire d’actes de dégradation du patrimoine français: vandalisation des statues, incendies dans les églises. Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate, essaye de leur trouver un dénominateur commun au micro de Sputnik.

L’incendie dans la cathédrale de Nantes, la destruction de statues en Martinique, la vandalisation du monument en hommage à Colbert devant l’Assemblée Nationale… Pour Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate (PCD), «il est impossible» de surveiller les 45.000 églises paroissiales en France, d’autant plus qu’ «une église, par définition, est un lieu ouvert». «Il y a là un équilibre à trouver», suggère l’homme politique, au studio de Sputnik.

«Nous sommes condamnés à traiter le problème par la racine: par l’éducation et par le retour dans les salles de classe de l’école primaire à un juste enseignement sur ce que qu’est le phénomène religieux, à quoi ça sert, pourquoi il faut respecter l’église, le monument aux morts, les statues, notre histoire en général», assure Jean-Frédéric Poisson.

Pour lui, la responsabilité dans le domaine de la sécurité revient à l’État, en tant que propriétaire des murs des lieux de culte, «sachant que personne n’a les moyens de le faire».

Mis à part quelques lieux hautement symboliques, «sur lesquels il faut faire plus d’efforts que ce qui est déjà fait», l’homme politique constate sans rire que, pour les autres paroisses, «il nous reste à nous en remettre à la providence, il n’y a pas d’autres moyens».

Des actes contre les lieux de mémoire peu condamnés

Sans céder aux sirènes complotistes, M.Poisson indique que les lieux de culte musulmans sont attaqués «moins souvent», probablement parce qu’«il en a 20 fois moins» et qu’ils sont de construction plus moderne, pour la plupart.

«Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, le discours antichristianiste est beaucoup plus volumineux que le discours de la haine et de l’agressivité à l’égard de l’islam. Tous simplement, parce que le christianisme est encore dominant», estime M.Poisson.

L’incendie dans la cathédrale de Nantes présente «un caractère christianophobe affiché, ouvert ou non», selon Poisson

Par contre, le leader du parti chrétien-démocrate soutient que «beaucoup d’actes de vandalisme sont classés sans suite, beaucoup d’entre eux ne font même pas l’objet d’enquête et encore moins de traduction devant les tribunaux». Il rappelle ce «phénomène très ancien»: les faits ne sont pas considérés «comme la priorité par les services de la PJ ou les services de la justice».

«On peut constater qu’il y a des personnes qui commettent des actes très graves mais qui sont assez peu condamnés. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les Français», regrette-t-il.

Acceptant que pour les délits où aucune vie humaine n’est mise en danger, les peines encourues soient moins lourdes, l’homme politique prie de ne pas oublier de donner «une valeur symbolique» à l’édifice religieux, au monument aux morts ou à une statue funéraire. «Une atteinte est grave, parce qu’on attaque l’âme et l’esprit de chacun d’entre nous, tout comme l’esprit collectif», insiste M.Poisson.
Connaître l’histoire

«Connaître son histoire pour comprendre l’État dans lequel on se trouve à un instant donné» est vue par M.Poisson comme un devoir d’un peuple. Le fait de «vouloir violenter» l’histoire de France par l’intermédiaire de certaines personnes et leur incarnation dans les statues est considéré par l’homme politique comme «une crise d’adolescence» dépourvue de sens. L’homme politique s’exprime sans ménagement:

«Ça n’a aucune espèce d’efficacité, on n’est pas dans la volonté de construire le monde plus juste, on est dans une forme d’épuration idéologique, un mécanisme purement fasciste de réinvention de l’histoire, de maquillage de l’histoire».

Pour lui, ça revient à vouloir «être d’une famille quand cela convient et ne pas être d’une famille quand cela ne convient pas». «Il n’y a pas de tri à faire, mais une connaissance à avoir. On revient à la thématique de l’éducation», assure-t-il pour enfoncer le clou.

Une attente de débat sur les «vérités historiques»

Dans les pas de Jean Castex qui a condamné «très fermement» le déboulonnage de statues en Martinique, M.Poisson attend une condamnation «violente» des actions de dégradation, «et pas qu’en parole!»

«L’État n’est pas suffisamment ferme et ne montre pas suffisamment de détermination pour empêcher ces actes, souligne Jean-Frédéric Poisson. Mais le problème de l’État est également qu’il ne comprend pas l’origine du problème et ne veut pas s’attaquer à la racine: aux programmes scolaires et à l’enseignement de l’histoire».

L’homme politique pointe du doigt «un manque de courage» de l’État qui «refuse de traiter» les causes. «Or, la cause est un déficit abyssal de culture historique et de capacité à aborder tranquillement la vérité historique», s’insurge l’homme politique qui, entre autres, suggère «des débats» sur «un fait historique» du rôle de l’islam, «un des plus grands pourvoyeurs d’esclaves».

«Ça commence bien avant la traite négrière occidentale et ça va bien après l’abolition de l’esclavage. Il paraît qu’on n’a pas droit de le dire. Disons-le. Est-ce qu’on est prêt à aborder ces vérités? J’espère que oui», conclut Jean-Frédéric Poisson.
Histoire
https://fr.sputniknews.com/france/202007291044176843-actes-contre-les-lieux-de-memoire-ou-chercher-les-racines/

«Touche pas à mon histoire!»: Alain Finkielkraut réagit au phénomène du déboulonnage de statues - Sputnik France

Thu 30 Jul 2020 - 13:36

Dans une tribune intitulée «Touche pas à mon histoire!» publiée dans Valeurs actuelles, le philosophe Alain Finkielkraut s’attaque au phénomène des déboulonnages et des destructions de statues. Il appelle notamment à «relire l’Histoire dans son contexte» et exprime sa propre vision du racisme.

«La France est actuellement traversée par une crise très grave», lance le philosophe et écrivain français Alain Finkielkraut dans son appel «Touche pas à mon histoire!» publié dans Valeurs actuelles mercredi 29 juillet. Il estime que les destructions ou les déboulonnages de statues qui se sont récemment multipliés en France et ailleurs sont la conséquence d’un racisme anti-Blancs» et d’une «haine de la civilisation occidentale».

«Nous risquons de nous lancer dans un processus qui n’aura pas de fin, qui ne pourra pas en avoir», alerte-t-il, ajoutant qu’il faut «relire l’Histoire dans son contexte et ne pas projeter dans le passé nos obsessions présentes».

L’essayiste évoque ensuite ce que signifie pour lui le racisme, prenant pour exemples les critiques à l’égard de Jules Ferry. «On le dit raciste en raison de sa volonté colonisatrice. Mais qu’est-ce que le racisme? Le fait de river les individus à leur appartenance», affirme-t-il. Selon lui, affirmer «que toutes les cultures se valent nous empêcherait de condamner fermement – et partout – l’excision, la polygamie ou les mariages forcés».

M.Finkielkraut estime également que le fait de réécrire l’histoire «à la lumière de l’antiracisme» conduirait finalement à condamner «une liste interminable d’accusés». «Avec ce type de discours et de pratiques, nous n’avons aucune chance de résorber les fractures françaises», poursuit-il.

«L’Europe, ce n’est pas l’esclavage»

À propos de la traite négrière, il soutient que «l’Europe, ce n’est pas l’esclavage, c’est l’abolitionnisme», et compare les «11 millions de captifs déportés dans le cadre des traites européennes» aux «17 millions dans le cadre de la traite orientale». «Alors que toutes les cultures sont souillées de crimes, seule la culture occidentale connait la douleur de la culpabilité», résume-t-il.

Il revient enfin sur une phrase du discours du mois de juin de Macron, lequel avait promis que la République «n’oubliera aucune de ses œuvres. Elle ne déboulonnera pas de statues». «Il est urgent de la conforter dans sa décision», conclut le philosophe.

Une pétition lancée

Alain Finkielkraut a ainsi lancé une pétition pour «dire non au déboulonnage de notre histoire». D’après le comptage affiché dans Valeurs actuelles ce jeudi 30 juillet, celle-ci a récolté plus de 25.000 signatures, dont celles des anciens ministres Jean-Pierre Chevènement et Manuel Valls.

Histoire racisme statues
https://fr.sputniknews.com/france/202007301044178048-touche-pas-a-mon-histoire-alain-finkielkraut-reagit-au-phenomene-du-deboulonnage-de-statues/

Déboulonnons toutes les statues | Slate.fr

Wed 17 Jun 2020 - 10:20

Laurent Sagalovitsch — 17 juin 2020 à 10h02
[BLOG You Will Never Hate Alone] Quelle figure historique peut prétendre avoir mené une vie en tout point irréprochable?

J'ai beau avoir décroché mon bac avec mention, hier encore, j'ignorais qui était vraiment Colbert. Je le voyais comme un grand commis de l'État dont le magistère avait dû s'exercer quelque part entre le XVe et le XVIIIe siècle et c'est à peu près tout. Probablement comme le plus mécréant des ignorants suis-je déjà passé devant sa statue sans même le savoir. Aurais-je pris le temps de lire son nom que je n'aurais pas été plus avancé. «Tiens, ce brave homme perché sur ce socle d'airain est donc Colbert», me serais-je dit avant d'attraper mon bus. Et l'affaire en serait restée là.

Aujourd'hui, grâce aux manifestations de la semaine dernière, j'en sais un peu plus sur lui, notamment qu'il fut à l'origine du Code noir, lequel régissait le sort des esclaves aux siècles passés. Ce qui n'est pas bien, pas bien du tout. Vilain monsieur que ce Colbert. La prochaine fois, je ne manquerai pas de m'en aller lui tirer les oreilles et de lui dire ma façon de penser. Du moins si sa statue est toujours en place.

En soi, je n'ai rien contre le fait de déboulonner des statues, sauf qu'il faudrait les déboulonner toutes. Si Colbert a le droit à cet honneur, je ne vois pas pourquoi Voltaire ne connaîtrait pas le même sort tant ce dernier tenait en piètre estime –c'est peu de le dire– et les Noirs et les Juifs. Et quand on se sera débarrassé de l'auteur de Candide, on passera au suivant, à Rousseau qui abandonna ses enfants à l'hôpital public, à Jules Ferry, ce théoricien du colonialisme, à Napoléon qui ensanglanta toute l'Europe avec ses conquêtes meurtrières, à Hugo, l'amateur de chair fraîche, à l'Abbé Pierre, ce révisionniste qui s'ignorait, à tous ces grands hommes ou prétendus tels dont nul ne saurait résister à un examen rétrospectif de leurs actes et de leurs gestes.

Personne n'en réchappera. Ce sera un massacre absolu. Une vendetta sans retour. Qui peut imaginer un homme ou une femme ayant eu tout au long de son existence un comportement en tout point admirable dans sa vie publique comme dans sa sphère privée? Qui jamais n'aura écrit ou dit une parole offensante? Dont la vie aura été une suite interrompue d'éclairs de bravoure, une existence sans vice et sans travers, sans manquements ni petitesse, si linéaire et si grandiose qu'elle aurait comme quelque chose d'irréel, d'effrayant même?

Les individus sont les produits de leur époque, lesquelles charrient tout leur lot d'ignominies qui nous apparaissent comme telles une fois passées par le moulinet du temps. L'antisémitisme ou l'antijudaïsme de Voltaire ne peut être comparé à celui d'un Paul Morand ou d'un Céline qui même après l'Holocauste continuèrent à vilipender «la race juive». Le raciste de nos jours qui continuerait à louer les mérites de l'esclavage sera jugé bien plus sévèrement que celui qui présida à sa naissance même si les deux comportements sont tout aussi condamnables. Le colonisateur des époques reculées aura le droit à une certaine mansuétude, laquelle sera absente pour juger celui de l'époque moderne.

Un esprit aussi éclairé fut-il ne peut pas s'extraire des conditions qui donnèrent naissance à sa pensée. Nous sommes tous prisonniers de notre temps, nous voyons le monde comme il se présente sans qu'il nous soit possible de dire combien, sur certaines problématiques, il nous entraîne à nous comporter d'une manière qui avec l'accumulation des années apparaîtra aux générations futures comme tout à fait scandaleuse ou inappropriée.

Nous-mêmes qui passons notre temps à donner des leçons de morale, sans même que nous en ayons conscience, avons des attitudes, des pensées, des conduites qui un jour prochain ne manqueront pas d'indigner nos cadets, lesquels seront prompts à nous juger avant d'être à leur tour l'objet des remontrances de leur descendance et ainsi de suite comme une invariable qui régirait nos existences humaines.

Les héros n'existent pas, ce sont des créatures rencontrées seulement dans les livres d'enfants. Par nature, à des degrés divers, nous sommes tous coupables. Nous avons tous nos défauts, nos étroitesses, nos égoïsmes, nos lâchetés, nos rancœurs, nos jalousies mesquines, nos outrances, nos bêtises. Prétendre le contraire serait s'extraire de la condition humaine pour épouser un destin divin. Et encore, à bien des égards, même les dieux sont imparfaits!

L'histoire humaine n'est pas figée. Ses canons changent selon les humeurs des siècles. Les progrès scientifiques ne cessent de redistribuer les cartes et ce qui hier encore était pris pour une vérité éternelle sera démenti par l'apparition de nouvelles connaissances qui seront autant de désaveux pour les croyances d'antan.

D'une certaine manière, le temps passe son temps à se contredire, à dire tout et son contraire, à se renier, riant de nous autres qui sommes assez naïfs pour vanter la qualité de nos jugements comme immuables. C'est ainsi qu'autrefois dans les sanatoriums, on ne trouvait rien à redire aux malades qui fumaient! Il suffit de lire ou de relire La Montagne magique de Thomas Mann pour s'en convaincre.

Il est vrai que le cœur humain, lui, ne change pas et c'est probablement dans ce domaine que notre vigilance doit être de mise. Celui qui dans l'exercice de son pouvoir manifesta vis-à-vis d'autrui une haine viscérale à rebours des avancements de la science ou de la morale propres à son temps, celui qui au-delà des contingences de son époque, proclama la supériorité d'une peuplade sur une autre, celui dont l'incandescence de la pensée déboucha sur le massacre d'innocents, celui qui consacra toute sa vie à se répandre en considérations oiseuses au point d'en faire la matrice de son existence, celui-là ne saurait mériter de figurer dans l'espace public; sa place est dans le caniveau de l'histoire.

Colbert répond-il à cette définition?

Vu ma connaissance du bonhomme, il ne m'appartient pas d'en juger.

Quel courage que le mien!

censure culture histoire racisme
http://www.slate.fr/story/191721/deboulonnage-statues-figures-historiques-jamais-irreprochables-esclavage-colonisation-manifestations
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